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Litanie goutte à goutte n°2


Se lever avant l’aube et prendre la route. Encore. Sans lassitude.

Engouffrer les kilomètres et la poussière du chemin.

Le foisonnement du printemps et les lichens. Suivre la rivière infatiguable et les ombres portées.

Être ce corps matrice.

Cette terre d’accueil qui ne s’offre pas au dehors.

Devenir ce corps racine.

Ce corps étoile.

Ce corps d’asile.

Ce corps de paix.


Ne plus attendre.

Se sentir soudainement minuscule.

Accueillir ce presque rien dans l’épaisseur du cœur.

Puis le laisser éclore. Lentement.

Y découvrir le visage de l’infini.

Patiemment.


Regarder la trace du temps sur le sol.

Celle des passages.

Des accidents, des chemins rabattus, des absences, des promesses.

Voir aussi les herbes folles, entêtées. Tenaces.

Insubmersibles dans leur attachement à la vie qui gonfle en elle comme la sève.

S’attarder sous la dentelle du chêne, la lame du châtaignier, l’étoile de l’érable.

Se glisser entre les lignes de leurs mains végétales, transpercées par la lumière.

Convoquer nos âmes à cette sensation du réel contre la peau.

Gouter la vie nue.

Simple et âpre.

Quelque soit la clémence du ciel au-dessus de nos têtes.


Laisser le vent éclabousser mes cheveux.

Contempler l’inutile et le déposer dans le creux de mon âme.

De retour dans le quotidien, j’en nourrirai le monde.

Poser ma joue contre le cœur palpitant du vivant et laisser monter l’écho généreux du silence.

Pour qu’il continue à vibrer en moi longtemps.

Longtemps.


Ramasser trois brindilles.

Insignifiantes.

Abandonnées.

Retenir leurs formes torsadées entre mes doigts.

Les sentir légères et presque invisibles dans la paume de ma main.

Savoir qu’aux jours sombres, elles pourront allumer un grand feu de joie.


Ulysse

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