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Vivre au loin


Rappeler mes souvenirs jusqu’à moi. Comme on rassemble le bétail avant la nuit.

Depuis quand n’ai-je pas trouvé un endroit où poser ma nuque ?

Voilà plusieurs jours que la blessure sous mon pied gauche me soumet à ses scansions brutales… J’apprends à vivre ce morcellement de tout : de la marche, du temps, des pensées, de ce corps à la dérive. Je comprends combien la douleur prive de soi : elle est comme une éclipse dans le ciel intérieur. Une suie gluante qui recouvre tout.


Et puis il y a cette solitude.

Obscure et lumineuse. Compagne absolue de mon périple.   La voici qui m’étreint par vagues et laisse sur ma peau le sel d’un chagrin qui attise ma soif…  C’est étrange… plus j’avance vers la joie simple et nue de mes jours, plus je porte en moi cette peine sourde, qui semble venir du fond des âges et dont je ne sais rien, même pas le nom… 


Parfois j’aimerais tellement que quelqu’un me précède. Qu’il y ait quelque part un coeur assez grand pour accueillir mon devenir. Je voudrais tant qu’on m’enseigne à lire les cartes de ce monde nouveau. Qu’on m’indique les sentiers escarpés, les eaux calmes. L’indicible des mystères. Mais mon chemin de profondeur se trace dans l’intime … Dans ce lieu neuf et sauvage, point de rencontre de l’espace et du temps de ma vie. Dans ce lieu qui prend soin, au creux de ses ailes repliées, de ce que je n’ai pas encore osé.


Tu sais … parfois je ne voudrais être d’aucune terre pour mieux être de toutes. N’appartenir à aucun temps pour les embrasser tous.  Vivre seulement sur le fil. Dans le balancement de la brise de ce presque printemps.  


Et continuer à t’écrire comme on jetterait l’ancre au large du rivage. Toi, mon amarre. 


Ulysse

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