La honte est un animal blessé à la morsure acide.
Elle est son surgissement dans une respiration sans souffle. Le mouvement brusque et sec de ses dents déchirantes dans la chair tendre. Le voile de pourpre sur nos joues comme une hémorragie. L’agonie silencieuse qui s’en suit, nous laissant nus et défaits dans l’invisible…
La honte est ce baiser acéré aux lèvres de la princesse endormie.
Elle est la violence de velours qui déchire les portraits aux dorures insolentes.
Ce retour à la boue. A l’argile des commencements. Pour y refaire le premier pas. Se redresser à nouveau.
Édifier encore une fois sa Babel intérieure, avant la prochaine marée…
Traverser la honte ce serait accéder à la nudité de soi. Peut-être. Retrouver le déséquilibre nécessaire pour faire le pas suivant. Cette presque chute. Ce serait laisser s’écrire le plus simple des récits que nous pouvons créer au sujet du monde. Apprendre encore. Et désapprendre. Jusqu’à la fin des temps.
Être humain. Le devenir.
Ulysse