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Patience


Après tous ces mois d’hésitations et de frémissements, voilà que les cerisiers sauvages ont enfin donné leurs fruits. Je les vois danser aux rythmes langoureux des vents chauds dans les frondaisons.

Ils sont prêts à murir. Les arbres ont fait leur part. Tout en eux le proclame. Ils présentent désormais leurs joyaux ciselés aux mains d’un soleil alchimiste, qui sait, depuis les origines, transformer l’émeraude en rubis.

Couché de tout mon long, je regarde ce spectacle invisible. Sans impatience. C’est la condition pour bien voir l’imperceptible. Ne plus chercher à voir. Rejoindre simplement la part en soi qui résonne sous l’archet du monde. Être l’écorce de cet arbre qui se craquèle. Être le vert du fruit et sa rondeur. Son brillant. Sentir le rouge naissant qui monte depuis le cœur et s’offre comme un baiser sur la joue. Être l’insoumission de l’herbe entre les orteils. Devenir le nectar et l’essentiel. L’effort qu’il faut pour arriver jusqu’au bout. Et aussi l’abandon. L’abandon infini sous le soleil de juillet. Pour se laisser combler enfin par cette abondance déraisonnable.

Être le ciel et puis la route et le chemin. Être ce qui reste de l’écorce et ce qui disparait. Être la promesse du rouge et en faire un fête. Se glisser dans l’étoffe du monde comme dans des draps de soie. Et laisser l’exubérance des oiseaux nous arracher au sommeil quand viendra le matin …


Ulysse

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