Redis mon nom.
Redis-le par tous les temps.
De mille manières.
Dans toutes les langues.
Redis-le par dessus les toits de ce monde pour rejoindre mes terres en friche.
Appelle-moi depuis le haut des collines que j’accoure jusqu’à toi. Redis mon nom derrière les murs aveugles. Devant les océans affamés. Redis-le dans les larmes. Dans les baisers. Dans les silences.
Redis-le dans l’absence. Ne lâche pas le fil unique et frêle de toutes mes métamorphoses. Je sais si bien mes labyrinthes… Redis encore mon nom. Comme on transmet un héritage. Ce goût secret des origines dans l’explosion de toutes les apocalypses. Redis mon nom, je t’en prie. Une fois encore. Fais de ces quelques lettres, l’amarre secrète de ma vie. L’incantation qui me relèvera de toutes mes morts. Redis mon nom pour qu’il devienne mon plus solide rocher. Ma terre d’asile. Le lieu de tous nos rendez-vous. Redis-le au rythme des marées. De long en large, de jour en nuit. Que tour à tour il se révèle et s’engloutisse, sous les flots du vivant. Ne laisse pas l’oubli dissoudre mes empreintes. Sois le gardien de mes miroirs brisés. De mes mille visages. De mes mille échos. Redis mon nom une fois encore. Pour m’arracher à l’amnésie meurtrière. Chant des sirènes de ton absence. Si tu savais combien tu m’accompagnes…
Ulysse.