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Paul ANDERS, poète vivante

Paul Anders est poète, artiste, chanteuse, conteuse, improvisatrice, réalisatrice.

Je vis et travaille à Marseille

Une maitrise d’art plastiques en poche, c’est à l’École Nationale de la Photographie d’Arles (Diplômée en 2000) que je rencontre Yann Paranthoën, tailleur de son à la maison de la radio, qui m’ouvre les images jusqu’aux oreilles ! Je rencontre aussi la chanteuse Sicilienne Miriam Palma qui me plonge au cœur de ma voix. Depuis j’utilise les différentes cordes à mon arc pour écrire, chanter, raconter sur scène ce qui me traverse.

En 2010 je crée la revue de poésie texte et voix Camion avec la complicité de la poète Sarah Kéryna et Fonde en 2012, avec le musicien Alain Bordes, la compagnie Tourniflex - www.tourniflex.net

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" Le spectacle s’écrit au plateau, avec mon corps. J’aime la recherche, j’aime montrer le mouvement de quelque chose qui s’invente en se faisant. C’est le défi de ce spectacle."

Tu te sens plutôt créatrice, co-créatrice, inventeuse, artisane, interprète, … ?

Je suis poète… vivante.

Je rajoute toujours  « vivante » après poète

comme pour dire qu’il y en a toujours dans le monde, dans la vie.

Et peut-être parce que je me sens poète parce que je me sens vivante vraiment, de plus en plus.

 

Paul Anders, Paul sans « e » c’est mon nom. Je me suis renommée toute seule ;-)

C’est officiel, c’est sur ma carte d’identité. J’aime l’écart qui amène à voir les choses autrement.

Je me sens auteur, de ma vie, de mon œuvre, un petit côté artisan aussi avec les mains dans la matière et le côté commercial d’aller vers les autres pour montrer mon travail (c’est important pour moi, voir fondamental, ces rendez-vous avec le public. C’est ce qui m’a éloigné des expos et fait choisir le spectacle vivant.) J’aime mettre en vibration, corporellement.

Alors oui, artisan, poète pédagogue (lorsque je propose des ateliers), impliqué dans le monde.

Je pourrais m’appeler «  Avec » comme le nom du personnage que j’incarne sur scène dans mon nouveau solo poésie-théâtre d’objet, Dans le manteau d’Augustine, avec la compagnie tourniflex.

Parmi tes œuvres, quelle est celle que tu aimes le plus et pourquoi ?

Ce spectacle justement. Tout nouveau, tout frais. Je pars d’une tout autre manière de faire.

Je crée les conditions favorables à laisser arriver les éléments, laisser s’écrire…

Le spectacle s’écrit au plateau, avec mon corps (d’abord seule : auteur et interprète associée en moi). J’aime la recherche, j’aime montrer le mouvement de quelque chose qui s’invente en se faisant. C’est le défi de ce spectacle.

Comme avant quand je faisais de la photographie, seule au moment du cadrage, du déclic, de développer la péllicule, de « tirer » l’image, de la retrouver sur le papier, de l’exposer.

Là, c’est comme si le moment du spectacle invitait à être en présence d’images qui prennent formes de multipes façons. La page blanche est ici un grand espace noir, où je peux bouger-écrire, figurer avec tout de moi, mes gestes, ma voix, mes mots, les objets aussi, leur laisser la place, faire l’image et me retirer…

C’est comme une autre dimension que j’ai découverte avec le théâtre d’objets. C’est toujours ma présence, mon humour et ma profonde joie mais les objets amènent leur part commune à tous. Mon langage singulier s’incarne dans des objets communs dont chacun a l’expérience et peut se créer sa propre histoire. J’ai pour ce spectacle un début de reconnaissance de mon travail : ça donne envie aux autres, alors de résidences de création en résidences de création, le spectacle grandit soutenu par des gens du métier qui aiment, mon langage singulier un peu « fou », j’en suis émue et touchée… et je continue à travailler !

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Image : Dans le manteau d'Augustine

Qu’est-ce qui te donne envie de créer ?

 

C’est comme une respiration, ça me donne de l’air, ça me rends présente au monde, aux autres.

 

J’ai été longtemps dans l’inertie de cette puissance que je sais canaliser maintenant par une pratique que je me suis offerte d’apprendre rigoureusement et ludiquement pendant trois ans, que je continue de pratiquer et que j’enseigne maintenant. Elle m’aide à exprimer ce qui bouillonne en moi, sans inonder les autres.

En fait je n’ai pas le choix. Partager, je dois ;-)

Qu’est-ce qui t'éloigne de la création et comment fais-tu pour en retrouver le chemin?

 

Le quotidien, les contingences : « ce continent des exigences exterieures qui se démultiplient extensiblement sans fin », quand je ne savais pas leur faire un point d’appui. Aujourd’hui je sais !

Retrouver un temps de solitude nécéssaire pour me retrouver et agir sans « reaction ».

Agir avec tout de moi en lien avec plus grand que moi… bon ça fait un peu…. En disant ça comme ça, mais plus je le pratique dans ma vie, plus ce que je vis est comme… accordé… harmonieux même. J’accueille.

Ce moment d’arrêt me permet de faire de la place. D’être souvent beaucoup plus disponible et du coup une sensation paradoxale d’être moins seule, de ne plus porter, de suivre autant que de guider.

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Image : Dans le manteau d'Augustine

Dans ton expérience, quels sont les liens qui existent entre idée, matière, corps et création ?

 

Comme je le disais précédemment pour l’écriture de mon premier solo, c’est lié. Ce sont des aller-retours riches, si riches qu’ils écrivent directement la partition du spectacle parfois.

Le mot amène le geste qui amène un nouveau mot qui se prolonge en chant se modifie dans le mouvement… oui c’est lié, et garder ces différents liens me permet de ne pas être en prédominance mentale. L’idée peut venir de la matière, du texte dit dans l’espace. Le choix des idées passe par mon « corps », comment je bouge avec (y compris le texte).

Soit l’idée tient mal, soit l’idée tombe bien (comme un tissus, faut essayer ! et oser affirmer pour voir si ça tient bien). Cela a quelque chose à voir avec la puissance aussi, essayer à pleine puissance. Ensuite faire des choix.

Pourrais-tu nous raconter ce qui se passe à l’intérieur de toi quand tu es en train de créer (en nous donnant un exemple) ?

C’est pas séparé. C’est pas si différent d’autres moments où, dans la vie je me sens pleinement exister. Mais c’est aussi comme un intense travail. Je sens en moi une puissance qui me permet de travailler sans fatigue, je ne la ressens qu’après, la fatigue.  Je me sens « emboitée » comme à la bonne place…

Comment sais-tu qu’une œuvre est terminée ? A quoi le reconnais-tu ?

Elle se modifie toujours, ce n’est qu’après un certain temps qu’un spectacle trouve vraiment sa forme, au contact du public, au moins après une vingtaine de representations, le top étant de jouer en continue une semaine, là on le « rode » bien ; on le « road » bien : un spectacle vivant a besoin de faire de la route.

Quand il s’agit d’un livre, c’est l’éditeur qui donne une date souvent incompréssible pour l’imprimeur etc… il faut donc quitter le livre.

Ensuite commence la vie de l’œuvre sans nous… et ça c’est pas mal non plus ;-)

Qu’est-ce que tu aimerais dire à celui ou celle qui n’ose pas se lancer dans un processus créatif ?

 

Asseoir le jugement sur une chaise, là à côté. Ne pas essayer de savoir ce que l’on va faire avant de le faire. Marguerite Duras disait : « Ecrire c‘est savoir ce que l’on écrirait si on écrivait. »

Si on le savait d’avance jamais on n’écrirait, ce ne serait pas la peine.

Alors voilà zou, on y va ! par le geste et par curiosité, d’abord par curiosité !

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Dans le Manteau d'Augustine_Paul Anders.
Images : Dans le manteau d'Augustine

Si tu avais un livre, un artiste, une œuvre qui t'as touchée et que tu aimerais nous faire découvrir … ?

 

Oh oui, l’artiste Lior Shoov clown, musicienne, chanteuse, compositrice, improvisatrice (tiens le temps s’inverse je cite des gens plus jeune que moi maintenant).

La savoir en vie en train de faire ce qu’elle fait m’enchante, me nourrit, me motive !

Et si tu nous partageais ton meilleur remède contre le découragement ?

 

« C’est très lent un pas de géant »   Paul Anders  ;-)

 

Un pas…

faire un pas 

pas pas faire

pas faire pour faire

un pas juste

juste un pas

lever le pied

s’arrêter

arrêter de faire autre chose

lever le pied

suspendre - regarder

 

RA       LENT         TIR

Le reposer lentement et goûter

L’effet que ça fait de quitter l’immobilité

la naissance de son geste

d’où il me vient ? musculaire ? organique ? nerveux ?

laisser le jugement au tapis.

Goûter ce nouveau premier pas au présent,

Garder présence au pas suivant, puis l’autre, puis l’autre…

Garder se sentir vivant

(mon petit garcon vient me voir avec un lego « maman tu peux m’enlever sa tête »

et ça aussi c’est vrai, la mettre de côté, un temps, pour que mon corps

 retrouve sa richesse de mode d’action, ait son mot à dire lui aussi )

et… au bout d’un moment

Regarder en arrière,

Savourer la distance parcourue

mine de rien 

 

C’est fou comme du point de vue des autres, quand il est posé ce premier pas de géant,

on dirait que l’on a toujours était là où on est maintenant, à notre place.

 

Je vis ça aujourd’hui, cette lenteur du travail de fond qui permet, quand c’est le moment, que cela jaillisse d’un coup. Savoir alors se créer ses moments pour accueillir le jaillissement.

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