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Leïla DENIS, orfèvre du corps

Je m’appelle Leïla Denis. Je vis dans un joli coin verdoyant de l’Ile-de-France avec mon compagnon et nos deux enfants. J’aime sentir mon corps vivant et aussi le corps vivant du groupe, quand les humains se relient. J’ai rassemblé mes activités sous le nom de « L’école du corps ». Notre corps, cette école humble, belle et joyeuse, que l’on emporte partout avec soi :)

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Mes idées viennent principalement de mon corps, d’un certain état de corps propice au jaillissement. Pas un jaillissement violent, plutôt le jaillissement de la source, une source vive qui sourd toujours son flux créatif, parfois simplement caché sous quelques gros cailloux. "

Tu te sens plutôt créatrice, co-créatrice, inventeuse, artisane, interprète, … ?

 

Plutôt créatrice et co-créatrice.

Créatrice dans le sens où j’aime laisser agir ce pouvoir un peu magique qui est en nous et qui est capable de transformer et ré-inventer le réel.

Co-créatrice parce que je crois qu’on ne crée jamais vraiment tout seul, mais pétri de toutes ces rencontres, ces liens qui nous tissent. Et aussi parce que, quand je me sens prise par l’envie de créer, je me tiens grande ouverte comme une fenêtre, comme une porte, à travers laquelle la vie qui coule va et vient. C’est en tentant d’épouser son mouvement que je crée.

Parmi tes œuvres, quelle est celle que tu aimes le plus et pourquoi ?

Je ne crois pas avoir accompli d’œuvre encore en cette vie, à part peut-être nos 2 beaux enfants, mais je ne peux pas vraiment m’approprier ce miracle ;) !

En fait je crois que ce que j’aime avant tout c’est l’acte de créer : créer des formes, des propositions, des conditions pour que la magie qui se vit parfois au-dedans et entre nous opère.

Si, je peux te parler d’une création récente, avec mon amie musicienne Audrey Marchand : « La Terre sous nos pas ». Je l’aime beaucoup ce spectacle et il nous a fait beaucoup de bien quand nous l’avons créé. Il parle de la Terre, des rapports de l’humain à la Terre. Et il se termine par une méditation.

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Image : La terre sous nos pas, 2018

Qu’est-ce qui te donne envie de créer ?

 

L’envie de me sentir vivante, de respirer cette vie plus large et de la partager.

La créativité des autres aussi, de la nature, l’harmonie singulière d’un lieu, d’un état, d’un moment, me donnent envie de créer.

C’est aussi parfois une émotion, un vécu fort, qui a besoin de se dire autrement que par des mots de tous les jours…

Qu’est-ce qui t'éloigne de la création et comment fais-tu pour en retrouver le chemin?

 

La pression - celle que je me mets toutes seule le plus souvent ! -, les soucis, le trop plein d’activités, peuvent obstruer ma créativité.

Comment je fais pour y revenir ? Je descends dans ma pièce rose, dans mon jardin, en moi-même, et je me réinstalle dans mon corps, dans mon souffle, dans le mouvement de la Vie qui circule et nous sourit. Alors je me souviens de ce que je suis venue faire ici :)

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Image : La terre sous nos pas, 2018

Dans ton expérience, quels sont les liens qui existent entre idée, matière, corps et création ?

 

Mes idées viennent principalement de mon corps, d’un certain état de corps propice au jaillissement. Pas un jaillissement violent, plutôt le jaillissement de la source, une source vive qui sourd toujours son flux créatif, parfois simplement caché sous quelques gros cailloux.

Un corps désencombré, une matière ouverte, sont pour moi des préalables à la création.

Pourrais-tu nous raconter ce qui se passe à l’intérieur de toi quand tu es en train de créer (en nous donnant un exemple) ?

Soudainement je me sens alignée, en phase avec ce flux de vie dont je t’ai parlé précédemment.

C’est souvent comme un rendez-vous. J’ai le début d’une idée, le bout du fil de la pelote, alors je m’assois, dans les conditions favorables - calme, silence, solitude, qualité de présence profonde et ouverte à la fois - et je me laisse saisir. De préférence avec un stylo à la main, mais c’est parfois aussi en dansant, en faisant du mouvement, en me laissant chanter que les choses me viennent.

Avoir « une chambre à soi », comme l’écrivait Virginia Woolf, un lieu pour laisser venir la création, entretenir son état d’accordage, est très précieux aussi. Nombre d’idées me viennent pendant mes méditations dans la pièce rose ! Même si j’ai beaucoup aimé, pendant des années, écrire dans le brouhaha des cafés :)

Un exemple ? Quand j’ai écrit l’histoire de Lucie, pour mon spectacle « La Terre sous nos pas ». Nous étions à table à prendre un thé avec mon compagnon et il m’a dit : « Tu devrais écrire sur l’invention de la peinture rupestre ». Quelques mots, je ne sais plus lesquels, et de suite les images sont venues. J’ai senti le flot de l’écriture se rapprocher de moi. J’ai dit : « Ca t’ennuie si je vais écrire tout de suite ? » C’est comme un accouchement parfois, ça vient d’un coup et le mieux c’est d’être là :) Je suis allée dans ma pièce rose et pendant 1h ou 2 j’ai écrit. Le conte était là. Je l’ai retravaillé ensuite, notamment en le disant tout haut pour percevoir la musicalité et le rythme des mots. Il s’est affiné au fil du travail avec mon amie Audrey Marchand, quand nous l’avons mis en espace et en musique. Un jour aussi j’ai demandé à mon fils s’il pouvait me dire ce qu’il trouvait « en trop ». C’était à la fois simple, catégorique et parfaitement juste. Quelle chance d’avoir des jeunes humains près de soi !

Comment sais-tu qu’une œuvre est terminée ? A quoi le reconnais-tu ?

A l’envie de mettre un point et de ne plus y toucher.

A cette impression de suspens et d’accomplissement mêlés.

A cette joie paisible qui me donne la permission d’aller jouer ailleurs !

Qu’est-ce que tu aimerais dire à celui ou celle qui n’ose pas se lancer dans un processus créatif ?

 

Qui es-tu pour ne pas créer ?

As-tu oublié ta nature ?

Souviens-toi. De quel bois es-tu fait ? De quels songes ?

Commence par créer une toute petite chose aujourd’hui qui va rendre ta journée ou celle d’un autre que toi plus gaie, ou plus dense, plus châtoyante, plus concernante, plus importante…

Ça y est ? Tu l’as fait ? Ça t’a plu ? Continue !

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Si tu avais un livre, un artiste, une œuvre qui t'as touchée et que tu aimerais nous faire découvrir … ?

2 livres de Thich Nhat Hanh.

Le 1er que j’ai lu à 18 ans : « La sérénité de l’instant ». Il a orienté ma vie. Thich Nhat Hanh nous y propose de revenir à l’instant présent dans les actions les plus simples de notre quotidien. En fait, il nous invite à nous souvenir que nous sommes vivants, en ce moment, et que c’est un merveilleux cadeau !

Le dernier, je l’ai lu cette année. Presque 30 ans plus tard ! C’est « L’Art de vivre ». Thich Nhat Hanh nous y partage, arrivé au terme de sa vie, le trésor de sa vision profonde et la limpidité, la sagesse si simple et bienveillante de ses enseignements.

Ces deux livres nous invitent à créer notre manière de traverser la vie : avec grâce, présence et générosité.

J’aimerais aussi vous faire découvrir une musique. C’est la musique dans laquelle je vis tous les jours, car mon compagnon Cristobald est auteur-compositeur et interprète. C’est de l’indie-folk douce, parfois bastonneuse, toujours profonde. Elle me fait vibrer et voyager. Vous pouvez en découvrir une vidéo ici

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Et si tu nous partageais ton meilleur remède contre le découragement ?

 

« J’inspire, je calme mon corps,

J’expire, je souris,

J’inspire, demeurant dans l’instant présent,

J’expire, je reconnais toute la merveille de cet instant »

 

Je crois que cette méditation est dans « La Sérénité de l’instant ».

Je l’ai pratiquée dans le métro aux heures de pointe, à 3h du matin quand mes garçons bébés se réveillaient, dans des moments de grande tristesse et aussi de grande joie…

Je l’ai partagée autant que j’ai pu avec ceux que j’aime.

Cette méditation est une bénédiction. Puisse-t-elle vous aider vous aussi !

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