Il vient un temps où l’on peut cesser d’aller vers l’avant.
Même en plein voyage.
Un temps où l’on comprend que la vie n’est pas un chemin.
Où l’on découvre, dans l’intime de sa chair, au large de tous les livres savants, que l’existence est accroissement, éclosion, nuancier. Actualisation permanente.
Que le vivant échappe à toutes les lignes du temps.
A toutes les biographies de marbre.
Un temps où notre passé devient aussi imprévisible que l’est notre devenir.
Où l’éternité n’est plus cet 'au-delà de soi'. Cet 'à venir' improbable.
Mais qu’elle est à l’oeuvre ici et maintenant.
Intensité de l’infime ...
Porte secrète dans le silence de nos corps de chair.
Il existe un temps qui ne ressemble pas au temps.
Un temps non pas compté mais vécu. Insoumis aux lois de la géométrie et à la rigueur des métronomes.
Un temps amoureux. Taillé dans l’étoffe légère et grave du vivant.
Un temps qui se fait parole silencieuse.
Obscurité lumineuse.
Mouvement imperceptible.
Mystère absolu.
Comme une étoile que seule la nuit nous permet de découvrir.
Un temps pour consentir à ce qui nous dépasse sans que rien en nous ne renonce.
Le temps de la mise en fusion de nos contours de plomb.
Le temps d’accompagner l’hiver de mort de nos représentations anciennes pour que puisse advenir le printemps de nos commencements...
UlyssE
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