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Aujourd'hui


J’ai soif.


Je cours jusqu’au ruisseau avec mes joues de pourpre. Me voilà sans âge, le manteau des années abandonné parmi les herbes folles… Je plonge ma main dans l’eau qui file au rythme des printemps. Je la porte à ma bouche. Elle glisse entre mes lèvres, entre mes doigts, puis tombe en miettes sur la terre assoiffée. Sur l’or des primevères. Sur les pierres lourdes et lustrées. Sur les fougères révérencieuses et les racines en révolte.

Je m’assoie sur les talons, mon ventre entre les cuisses, les mains posées au fond de l’eau. Je ne parle pas. Je ne fais rien de précis. Rien d’utile. Rien de sérieux. Juste quelques traits, tracés du bout de mes doigts dans le sable englouti.

L’éternité passe. Je reste, comme l’enfant à deux pas de la mésange. Frémissant et surpris. Plongé d’un seul coup dans la simplicité époustouflante de l’existence. Je suis vivant.

Mes mains s’attardent quelques instants encore dans la rivière. Dans ses reflets, je vois le ciel. J’en remplis mes mains jointes. Et en moi c’est comme une éclaboussure. Une impression de ciel, jusque dans mon sang…

Aujourd’hui, je voudrais que ma lettre soit comme un bouquet de myosotis entre tes mains…

Ulysse

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